Probité de l’image

Cette exposition s’organise autour de Jean Frémon et rassemble des œuvres de Etel Adnan, Jannis Kounellis, Jaume Plensa, Sean Scully, Kiki Smith, Antoni Tàpies et Richard Tuttle. Proche de ces artistes, Jean Frémon est un inlassable compagnon de route et le témoin privilégié de “la touche franche et directe” de Etel Adnan, “l’épreuve de vérité” de Jannis Kounellis, “la lumière intérieure” de Jaume Plensa, “la couleur inventée” de Sean Scully, du “rêve peuplé” de présences palpitantes de Kiki Smith, des “histoires secrètes” de Antoni Tàpies et “la constante allégresse” de Richard Tuttle.
Chez tous ces artistes, se manifeste cette probité “inexplicable” mais que Jean Frémon considère comme “la clé de tout”. Elle éloigne de ce qui constamment menace l’art : “l’imposture”. L’artiste peut tout faire, sauf tricher. Cette exposition se place sous le signe de cette nécessaire résistance mais aussi de l’amitié et ses généreuses ramifications à la fois éclairantes et énigmatiques.
Avec le soutien de la galerie Lelong & Co

Jean Frémon

Président Directeur Général de la galerie Lelong établie à Paris et New York, qu’il a fondée en 1981 avec Jacques Dupin et Daniel Lelong, Jean Frémon, né en 1946, a aussi écrit de nombreux livres – romans, poèmes, essais – dans un constant dialogue avec une passion, celle des images, et publié par les éditions P.O.L, Fata Morgana et L’Échoppe. Après quelques tentatives, il délaisse le roman et opte pour de “petites formes“, des contes, et des anecdotes inventées ou recopiées. Il rassemble ces petits récits et compose plusieurs ouvrages dans lesquels il raconte des aspects surprenants, réels ou imaginaires, de la fabrication des images par ceux qui en font profession.
À la tête d’une galerie importante, son métier consiste à organiser des expositions et à vendre les œuvres présentées. Il accompagne ainsi de grands noms de la scène contemporaine internationale et signe des textes, des essais de circonstance destinés à des catalogues. Dans ces écrits, il cherche avant tout à être au plus proche de l’intention de l’artiste et confronte ce qu’il observe et ce qu’il entend au cours de longues conversations dans l’atelier avec l’artiste.

 

 

ETEL ADNAN (1925 – 2021)

Artiste pluridisciplinaire, elle mêle lettres et arts plastiques dans une surprenante effervescence qui accueille des poèmes, des essais, des romans, des pièces de théâtre, des peintures, des dessins et des gravures. Son œuvre picturale est une célébration du monde convoquée par des aplats de lumières vives, des formes angulaires, des rectangles, des carrés, des ronds, des lignes horizontales qui représentent les contours de la mer, de la montagne, ou les figures plus abstraites d’espaces d’une étrange douceur. Les couleurs y sont souvent appliquées directement au tube ou au couteau et donnent un sentiment de gaieté.

Sans titre, Etel Adnan – 2020 © The Estate of Etel Adnan / Courtesy galerie Lelong & Co.

 

 

JANNIS KOUNELLIS (1936 – 2017)

Considéré comme l’un des protagonistes majeurs de l’Arte Povera. Dès 1959, il représente des lettres, des signes et des numéros sur des supports peu communs comme le bois ou le papier journal. Peu à peu, il développe l’usage de matériaux simples et industriels : fer, coton, charbon, bois, feu, toile de jute. Ces éléments, souvent liés à l’univers du travail, sont utilisés selon leurs oppositions physiques ou sémantiques. Ainsi, à travers ses œuvres, des matériaux ou des notions contraires sont mis en tension : mou et dur, goudron et acier, industriel et agraire. À partir des années 70, l’artiste insuffle une dimension théâtrale à son œuvre à l’aide de substances organiques, minérales ou animales.

Sans titre, Jannis Kounellis – 2008 © The Estate of Jannis Kounellis / Courtesy galerie Lelong & Co.

 

 

JAUME PLENSA

Né à Barcelone en 1955. Connu pour ses représentations de silhouettes et de visages humains, il est avant tout un artiste de matériaux, de sensations et d’idées. Ses références englobent la littérature, en particulier la poésie, la musique, la religion et la pensée. Il est considéré comme un sculpteur, bien que son processus de création traverse de multiples disciplines. Ses oeuvres sont orientées vers la condition d’être. Chez lui, la sculpture n’est pas affaire de matériaux mais d’émotions. L’objectif n’est pas de fabriquer des objets, mais de développer des relations intenses, mystérieuses et leur force de suggestion.

Sappho, Jaume Plensa – 2018 © Studio Plensa / Courtesy galerie Lelong & Co.

 

 

SEAN SCULLY

Né à Dublin en 1945. Il est connu pour ses peintures abstraites à grande échelle, composées de bandes verticales et horizontales, de blocs de mosaïque et de formes géométriques composées de couleurs dégradées et changeantes. Il a ainsi développé un style qui lui est propre et consolidé sa place dans l’histoire de la peinture. Son travail synthétise un ensemble d’influences et de perspectives personnelles allant de l’héritage de l’abstraction américaine, avec l’inspiration de Mark Rothko et Jackson Pollock, à celui de la tradition européenne, avec des clins d’œil à Henri Matisse et Piet Mondrian. Bien que monumentale par son ampleur et sa gestuelle, son œuvre conserve une infinie délicatesse et la force d’une sincérité.

Standing Grey, Sean Scully – 2001 © Sean Scully / Courtesy galerie Lelong & Co.

 

 

KIKI SMITH

Née en 1954 à Nuremberg. Depuis les années 80, elle impose sa pratique multidisciplinaire : sculptures, gravures, photographies, dessins, livres, tapisseries et objets divers. L’une des caractéristiques de ses œuvres est la représentation du corps humain, et plus particulièrement du corps féminin, son anatomie, son empreinte. Ce dernier est parfois montré sous un angle inquiétant, altéré ou encore fragmenté. Depuis le milieu des années 90, sa recherche s’ouvre sur le cosmos et les mythes ; elle mêle alors, dans ses œuvres et installations, animalité et conte de fées, suggérant à la fois émerveillement et effroi.

Tahitian Girls with Feathers, Kiki Smith – 2001 © Kiki Smith / Courtesy galerie Lelong & Co.

 

 

ANTONI TAPIÈS (1923 – 2012)

Dès les années 1940, se distingue par son audace. Influencé par Miró et Klee, il s’intéresse de plus en plus à la dimension magique des images. Puis, il commence à incorporer des éléments géométriques et des expériences de couleurs menant à un intérêt pour la matière grâce à l’utilisation de toiles à forte texture et à grande possibilité expressive. Grâce à ces œuvres, Antoni Tàpies atteint une reconnaissance internationale au milieu des années 1950. Dans les années 1960, il commence à incorporer de nouveaux éléments iconographiques (écriture, signes, éléments anthropomorphiques, empreintes et références à la situation catalane de l’époque franquiste), et à pratiquer de nouvelles techniques (matières, utilisation d’objets usuels et de vernis). Fondateur du matiérisme, il annonce l’Arte Povera.

Couverture, Antoni Tàpies – 1973 © Successió Antoni Tàpies/ Courtesy galerie Lelong & Co.

 

 

RICHARD TUTTLE

Né en 1941 à Rahway (New-Jersey). Son œuvre se développe en marge du minimalisme américain au début des années 60. Peinture, sculpture, gravure, installation, concept, elle emprunte à tous ces domaines avec une grande liberté, les mélange et les subvertit avec une délicatesse immuable mais aussi une grande détermination. L’emploi de matériaux inusités, humbles, fragiles, est sa marque. Il leur donne vie par une touche légère et inspirée. Expérimentateur de paradoxes, il cultive un sens du monumental dans le minuscule et transforme une apparente fragilité en force.

My Best. P, Richard Tuttle – 2022 © Richard Tuttle/ Courtesy Pace Gallery