JACQUES VIEILLE - Sur la plage abandonnée

Œuvre

Si les épaves qui jonchent les plages nous arrivent de la mer, celles-ci semblent provenir d’ailleurs. Objets blancs longilignes non identifiables, il s’agit en réalité de pales d’éoliennes enfouies dans le sable. Déplacées et privées de leur fonction première, elles acquièrent ici un autre statut, mobilier de plage pour s’adosser ou s’abriter du vent. Ce nouvel usage est bienvenu pour ces monuments de l’industrie contemporaine, souvent mal aimés. Car si elles offrent la promesse d’une énergie renouvelable, ces pales complexes et chères à recycler sont devenues encombrantes. Rien qu’en France, on estime à 1 500 le nombre de turbines à démonter dans les cinq ans à venir. Finiront-elles dans des cimetières éoliens, des sites d’enfouissement ou, qui sait, sur les plages ?

Parcours

Les œuvres de Jacques Vieille, qui combinent le comble de l’artificiel, les matériaux et les outils les plus sophistiqués de la construction industrielle et de l’agroalimentaire, révèlent le regard critique et amusé qu’il porte sur notre paysage quotidien. Il est à la fois architecte, paysagiste, décorateur et horticulteur. Autant de branches à son œuvre de sculpteur qui s’enracine dans une articulation savante, ironique et poétique entre nature et culture, art et artifice, organique et mécanique.

Crédit photos © Andrea Mantovani