GROUT & MAZEAS - Short Board #1 / Short Board #2 / Short Board 2 drops / Mini Malibu #1 / Mini Malibu #2

GROUT & MAZEAS

• Nés en 1971 et 1969, vivent à Montpellier

• Short Board #1 – Short Board #2,
pain de polystyrène, résine époxy, terre, paille
Short Board 2 drops – Mini Malibu #1 – Mini Malibu #2 – 2018
pain de polystyrène, résine époxy, fibre de verre, peinture

Site web de l’artiste

Œuvre

Surfer est déjà une gageure en soit. Mais lorsque les planches elles-mêmes déjouent les lois de la navigation, la mission confine à l’impossible. Les engins conçus par Grout & Mazéas sont pensés pour être surfés à deux, en couple. Les formes des planches fusionnent, comme deux cellules, et permettent un usage en tandem. Ou bien elles s’épousent plus ou moins, mais leur peau est recouverte d’une substance abrasive et leur utilisation nécessite pour cette raison un rapport protégé. La scène de ménage est alors assurée, et les histoires d’amour finissent mal.

Parcours

Depuis leurs études en écoles des beaux-arts, Sylvain Grout et Yann Mazéas conduisent ensemble des projets décapants et grinçants. Qu’ils tronçonnent une maison avec tout son mobilier, ou qu’ils invitent le spectateur à cheminer dans un angoissant pénétrable de guirlandes de Noël, modifiant le rapport festif aux fêtes de fin d’année, leur approche est cinématographique, au sens où chaque œuvre résulte d’une production planifiée et du recours à des effets spectaculaires. Ces derniers altèrent quelques peu la perception, comme dans ces planches de surf aux formes inhabituelles, qui semblent nées d’une inquiétante pathologie ophtalmique.

Texte choisi par l’artiste

Le lézard lubrique de Melancholy Cove, 1999. (The lust lizard of melancholy cove) de Christopher Moore.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Luc Baranger.

La couleur du corps de la bête épousa celle, grisâtre, du brouillard. Le monstre gigantesque serpentin de brume, avançait maintenant au centre de la rue. il fut attiré par un son rauque qui semblait provenir du pied de l’enseigne de la station. Et c’est là, émergeant du brouillard, que le monstre la découvrit. Elle l’aguichait, ronronnante comme une créature en manque, campée devant la station Texaco. Elle savait y faire avec ce grognement à la fois sourd et sensuel. Les flancs argentés reflétaient le brouillard et la lumière rouge du néon était une invite à la copulation. Un arc en ciel en couleurs, signe de mâle et superbe virilité, apparut sur les côtés du lézard. Le monstre marin lui envoya un signal qui, grossièrement, aurait pu se traduire par : « Salut, beauté, je t’ai jamais vu traîner dans le coin. » Elle restait immobile, cherchant sûrement à l’exciter en faisant sa mijaurée mais il comprit qu’elle avait envie de lui. Elle avait de courtes pattes noires, une queue ramassée et à l’odeur on aurait juré qu’elle venait de s’envoyer un banc de hareng. Ses superbes flancs argentés aux reflets d’aluminium étaient irrésistibles. Ils étaient vraiment too much. Le monstre prit lui aussi la couleur de l’argent, de façon qu’elle se sente moins intimidée. Il se mit sur ses pattes arrière et déploya son membre en érection. Elle demeura immobile et continua à sagement l’aguicher. Il prit cela pour une invite. Il traversa le parking pour grimper sur le camion-citerne.
…Un nuage enflammé et graisseux en forme de champignon s’éleva jusqu’à trois cents mètres dans le ciel. Le souffle balaya tous les arbres du quartier immédiat et fit voler en éclat toutes les vitres des trois quartiers voisins. À huit cents mètres de là, les détecteurs de présence se mirent en marche et leurs sirènes s’ajoutèrent au grondement des incendies. Melancholy Cove se réveilla. Dans la terreur. Le monstre marin fut projeté à une bonne soixantaine de mètres en l’air. Il retomba sur le dos au milieu des ruines en flammes de chez Bert, le marchand de hamburgers. Ça faisait cinq mille ans que le monstre arpentait la terre sans jamais avoir eu d’expérience de voltige aérienne. Il se dit que ça n’était pas un truc pour lui. Il était couvert d’essence en feu, du museau à la queue. Ses ouïes n’étaient plus que des moignons et sur son ventre, entre les écailles, des morceaux de ferraille dépassaient comme des chicots. Toujours en flamme, il chercha de l’eau et trouva le ruisseau qui longeait la zone industrielle. Il s’y allongea puis jeta un regard vers l’endroit où celle qui lui avait du gringue l’avait jeté avec dédain. Il envoya un signal. L’aguicheuse avait disparu, mais tant pis, il envoya le signal quand même. Traduit très grossièrement, ça disait : « C’était pas la peine d’en faire des kilos ; un simple non eût été amplement suffisant. »


Work

Surfing is already a challenge in itself. But when the surfboards themselves foil the laws of navigation, the mission borders on the impossible. The structures created by Grout/Mazéas are designed to be surfed together, as a couple. The boards meld together like two cells and can be used in tandem. They adapt more or less well to each other’s contours, but their skin is covered with an abrasive substance, so using them requires protection. This leads to a domestic fight, and love stories seldom have happy endings.

Career

Sylvain Grout and Yann Mazéas work together on provocative, caustic projects. Sport is one of their favourite themes. They are primarily videographers and attempt to film sports in a new way, like in this short film where the artists have captured a surfer’s movements almost abstractly by fixing cameras on his elbows.

The Basque Country Higher School of Art was invited to select artists for the institution’s 10th anniversary. The choice fell on Sylvain Grout and Yann Mazéas, who worked at the school as visiting professors.

Text chosen by the artist

Le lézard lubrique de Melancholy Cove, 1999. (The lust lizard of melancholy cove) de Christopher Moore.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Luc Baranger.

La couleur du corps de la bête épousa celle, grisâtre, du brouillard. Le monstre gigantesque serpentin de brume, avançait maintenant au centre de la rue. il fut attiré par un son rauque qui semblait provenir du pied de l’enseigne de la station. Et c’est là, émergeant du brouillard, que le monstre la découvrit. Elle l’aguichait, ronronnante comme une créature en manque, campée devant la station Texaco. Elle savait y faire avec ce grognement à la fois sourd et sensuel. Les flancs argentés reflétaient le brouillard et la lumière rouge du néon était une invite à la copulation. Un arc en ciel en couleurs, signe de mâle et superbe virilité, apparut sur les côtés du lézard. Le monstre marin lui envoya un signal qui, grossièrement, aurait pu se traduire par : « Salut, beauté, je t’ai jamais vu traîner dans le coin. » Elle restait immobile, cherchant sûrement à l’exciter en faisant sa mijaurée mais il comprit qu’elle avait envie de lui. Elle avait de courtes pattes noires, une queue ramassée et à l’odeur on aurait juré qu’elle venait de s’envoyer un banc de hareng. Ses superbes flancs argentés aux reflets d’aluminium étaient irrésistibles. Ils étaient vraiment too much. Le monstre prit lui aussi la couleur de l’argent, de façon qu’elle se sente moins intimidée. Il se mit sur ses pattes arrière et déploya son membre en érection. Elle demeura immobile et continua à sagement l’aguicher. Il prit cela pour une invite. Il traversa le parking pour grimper sur le camion-citerne.
…Un nuage enflammé et graisseux en forme de champignon s’éleva jusqu’à trois cents mètres dans le ciel. Le souffle balaya tous les arbres du quartier immédiat et fit voler en éclat toutes les vitres des trois quartiers voisins. À huit cents mètres de là, les détecteurs de présence se mirent en marche et leurs sirènes s’ajoutèrent au grondement des incendies. Melancholy Cove se réveilla. Dans la terreur. Le monstre marin fut projeté à une bonne soixantaine de mètres en l’air. Il retomba sur le dos au milieu des ruines en flammes de chez Bert, le marchand de hamburgers. Ça faisait cinq mille ans que le monstre arpentait la terre sans jamais avoir eu d’expérience de voltige aérienne. Il se dit que ça n’était pas un truc pour lui. Il était couvert d’essence en feu, du museau à la queue. Ses ouïes n’étaient plus que des moignons et sur son ventre, entre les écailles, des morceaux de ferraille dépassaient comme des chicots. Toujours en flamme, il chercha de l’eau et trouva le ruisseau qui longeait la zone industrielle. Il s’y allongea puis jeta un regard vers l’endroit où celle qui lui avait du gringue l’avait jeté avec dédain. Il envoya un signal. L’aguicheuse avait disparu, mais tant pis, il envoya le signal quand même. Traduit très grossièrement, ça disait : « C’était pas la peine d’en faire des kilos ; un simple non eût été amplement suffisant. »

 


Obra

Surfear es en sí un reto. Pero cuando las tablas desafían las leyes de la navegación, la misión conlleva lo imposible. Los artefactos diseñados por Grout/Mazéas están pensados para ser surfeados a dos, en pareja. Las formas de las tablas se fusionan, como si fueran dos células que permiten la utilización en tándem. O también se entrelazan más o menos, pero su piel está cubierta por una sustancia abrasiva, por ello, su utilización necesita una relación protegida. La escena de pareja está asegurada y… las historias de amor terminan mal.

Curso

Sylvain Grout y Yann Mazéas realizan juntos proyectos audaces. El deporte es uno de sus temas predilectos. Ante todo, son videastas, intentan filmar de manera inédita casi abstracta los movimientos, como en el corto en el que los artistas han captado de un modo casi abstracto los movimientos de un surfista fijando las cámaras a nivel de sus codos.

En el marco de su 10° aniversario, la Escuela Superior de Arte del País Vasco ha sido invitada a elegir a artistas. Su elección se ha decantado por Sylvain Grout y Yann Mazéas, que han ejercido como profesores invitados.

Texto elegido por el artista

Le lézard lubrique de Melancholy Cove, 1999. (The lust lizard of melancholy cove) de Christopher Moore.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Luc Baranger.

La couleur du corps de la bête épousa celle, grisâtre, du brouillard. Le monstre gigantesque serpentin de brume, avançait maintenant au centre de la rue. il fut attiré par un son rauque qui semblait provenir du pied de l’enseigne de la station. Et c’est là, émergeant du brouillard, que le monstre la découvrit. Elle l’aguichait, ronronnante comme une créature en manque, campée devant la station Texaco. Elle savait y faire avec ce grognement à la fois sourd et sensuel. Les flancs argentés reflétaient le brouillard et la lumière rouge du néon était une invite à la copulation. Un arc en ciel en couleurs, signe de mâle et superbe virilité, apparut sur les côtés du lézard. Le monstre marin lui envoya un signal qui, grossièrement, aurait pu se traduire par : « Salut, beauté, je t’ai jamais vu traîner dans le coin. » Elle restait immobile, cherchant sûrement à l’exciter en faisant sa mijaurée mais il comprit qu’elle avait envie de lui. Elle avait de courtes pattes noires, une queue ramassée et à l’odeur on aurait juré qu’elle venait de s’envoyer un banc de hareng. Ses superbes flancs argentés aux reflets d’aluminium étaient irrésistibles. Ils étaient vraiment too much. Le monstre prit lui aussi la couleur de l’argent, de façon qu’elle se sente moins intimidée. Il se mit sur ses pattes arrière et déploya son membre en érection. Elle demeura immobile et continua à sagement l’aguicher. Il prit cela pour une invite. Il traversa le parking pour grimper sur le camion-citerne.
…Un nuage enflammé et graisseux en forme de champignon s’éleva jusqu’à trois cents mètres dans le ciel. Le souffle balaya tous les arbres du quartier immédiat et fit voler en éclat toutes les vitres des trois quartiers voisins. À huit cents mètres de là, les détecteurs de présence se mirent en marche et leurs sirènes s’ajoutèrent au grondement des incendies. Melancholy Cove se réveilla. Dans la terreur. Le monstre marin fut projeté à une bonne soixantaine de mètres en l’air. Il retomba sur le dos au milieu des ruines en flammes de chez Bert, le marchand de hamburgers. Ça faisait cinq mille ans que le monstre arpentait la terre sans jamais avoir eu d’expérience de voltige aérienne. Il se dit que ça n’était pas un truc pour lui. Il était couvert d’essence en feu, du museau à la queue. Ses ouïes n’étaient plus que des moignons et sur son ventre, entre les écailles, des morceaux de ferraille dépassaient comme des chicots. Toujours en flamme, il chercha de l’eau et trouva le ruisseau qui longeait la zone industrielle. Il s’y allongea puis jeta un regard vers l’endroit où celle qui lui avait du gringue l’avait jeté avec dédain. Il envoya un signal. L’aguicheuse avait disparu, mais tant pis, il envoya le signal quand même. Traduit très grossièrement, ça disait : « C’était pas la peine d’en faire des kilos ; un simple non eût été amplement suffisant. »